lundi 6 juillet 2015

Étape 3 : le jour d'Huy et le KO

Pas besoin d’être une flèche pour comprendre que le Tour se Wallonne au jour d’Huy. Depuis l’Anvers du décor, les coureurs ont foncé droit dans le Mur en passant par le parcours de la célèbre classique ardennaise. Un grand Tour qui révise ses classiques, c’est plutôt original comme idée et ce n’est pas une blague belge. Aujourd’hui, il fallait donc avoir la frite dans le cuissard qui moule. 

Devant la monotone échappée matinale, on commençait à songer à s’ennuyer, jusqu’au mur final, tout le contraire d’un Huy clos tant la foule était dense pour sa danse avec les stars. Soudain…

Le chaos. 

William Bonnet percuta la roue d’un Bora pourtant pas en vacances sur l’île éponyme, Argon les amarres, et chute du mur de Berne Cancellara. Entremêlement. Sac de nœuds. Vélos qui volent. Maillot jaune à terre, drapeau jaune au ciel : course neutralisée. Neutralité suisse qui déteint sur l’organisation de la course et de sa direction. Christian, homme prudent, décide de stopper l’hémorragie depuis sa voiture rouge sang. 

Cancellara se relève, qui m’aime me suisse !

Le peloton tergiverse, s’arrête, repart, mais les britanniques secouent le cocotier devant les Bora Bora, they believe they can touch the Sky. La course avance et recule, avance Hercule ! Spartacus est touché mais pas coulé.
Le pauvre Bonnet, équipier exemplaire et bonne poire William voit son chemin s’arrêter au pied du Mur, tout comme Simon Gerrans ou encore Tom Dumoulin, le hollandais volant qui voit son rêve de maillot blanc et jaune se casser dans l’œuf. 

La route du Tour ressemble à un départ en vacances même s'il revient de l’Enfer : bouchons devant et trous à boucher pour les distancés qui échouent, échoient et choient dans les choux. 
Pied à terre, comme devant un passage à niveau qui ne voudrait pas faire passer son train, le peloton stagne dans un train-train pas si quotidien. 
Les plaies sont pansées, on peut repartir, la boule au ventre, l’estomac noué. On n’ose attaquer. 

Mais la course finit par se décanter au pays de l’angelot Manneken Pis, et Angelo Tulik secoue le peloton. Raté, la meute est groupée au pied du mur. Des favoris vont aux fraises et cueillent des mûres de Huy : Pinot notamment est vain. Et Froome se promène. Un peu moins que Mur-ito Rodriguez qui fume le cigare devant, même si Tony galope, hein ! Tentative de cocorico, on découvre aussi avec plaisir la belle place de Vuillermoz, qui se Jura, mais un peu tard qu’on ne l’y reprendrait plus. 
À la fin, comme hier, Tony Martyre échoue encore pour une seconde dans la course au soleil. Et c’est Froome qui jaunit déjà, comme une jonquille un peu trop précoce. 

Demain, le chemin des coureurs sera pavé de gloire, mais risqué. Impossible de souffler, au contraire, il faudra (encore) souffrir. 

William Bonnet, forçat de la route

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