jeudi 22 janvier 2015

Sébastien

Cher Sébastien, 

Permettez-moi tout d'abord (sans m'en mêler) de vous dédier intimement les deuxième et troisième lignes de cette missive, à vous, guerrier mis à l'avant et toujours fidèle au poste. 
Ces lignes et ces lettres, ce sont les vôtres, vous le soldat timbré de ce bourreau de poste.

Homme de Cro-Magnon assurément, homme de Kro certainement, que j'imagine amateur de demi (mais pas de mêlée), vous êtes le barbu bougon le plus connu de la planète, avant même le Capitaine, Haddock. Laissez-moi vous assurer que vous êtes un homme du pré historique.

On vous a vu débuter à Bourgoin, joyeux, puis vous avez décidé de mettre du Sale dans votre soupe. Vous fîtes ensuite le Paris osé du Racing. Métro, c'est trop ! La belle Lyon vous caressa dans le sens de la crinière et la Pro D2, championnat rugueux et rugbeux, enrégimenta les plus pros des deux compères de la mêlée : vous et votre ami Lionel, qu'on Nallet pas oublier de sitôt. 
Vous bousillâtes les Écossais du Murrayfield d'Hadrien, dans ce pays où pourtant peu de loques naissent. Vous ne fîtes pas Dublin à des Irlandais verts de peur. Les Anglais vous firent une guerre de sanglant. Même si parfois la squadra assura, vous aviez le respect de l'Italie où vous avez castré Giovanni. Le Pays de Galles dut se gratter le poireau sous votre puissance. 
Oui, vous étiez un centaure, une vigueur de cheval dans un homme fort et sans tords. Vous étiez une hydre à fourrure hirsute : vos poils repoussaient une fois coupés, pour revenir, plus pileux, faire passer la pilule aux pilards.  

J'en ai vu des découpeurs, des sécateurs, des saccageurs ! Il y avait Serge, bête de scène, guerrier casqué black, féroce comme une panthère. Mais il y eut surtout vous. 
"Chabal c'est d'la balle" nous avait prévenu Pierre Salviac. Toutes ces années, le maillot frappé du coq vous alla à ravir pour aller cogner du Bok. Cette tunique, votre bleu de travail, elle en a distribué des marrons ! Une mâchoire brisée sur le pré à Auckland rebaptisée le temps d'un soir "Au KO Land", des tampons dans les règles de l'art à faire tourner les serviettes, un essai monumental contre les Namibiens qu'on a mis bien… Votre CV, Seabass, vieux LOU de mer et ancien Shark, n'a d'égal que la longueur de vos cheveux. 

Quand le cochon fut dans le maïs, vous sûtes remettre l'église au centre du village. Quand la France eut besoin d'une icône, vous devîntes le Christ du cœur d'un pays : "Hmmmm Chabal". Les autres ? On s'en bat les steaks.
La rock-star, le coq-star, c'était vous. 

Alors Sébastien, sachez-le : vos longs cheveux graissés et mouillés par l'humilité des soirs de match auront laissé dans nos stades d'innombrables souvenirs, des souvenirs à faire dresser les poils de nos bras en une seule et belle barbe. 

Avec tout mon respect et mon admiration, 

Un fervent fan imberbe.



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