dimanche 17 mai 2015

Cannes, l'enfer du Sud

Arenberg, l’enfer du Nord, a ses pavés. Cannes, l’enfer du Sud, a ses briques. Événement sportif phare s’il en est, rien à envier au Six Nations ou au Tour de France, le Festival de Cannes-y-vaut bien la peine qu’on y jette un peu de lumière. Car à Cannes, messieurs dames, petits champions et grandes championnes de ce monde viennent de toutes parts redoubler d’efforts dans des conditions climatiques périlleuses, soumettre leur carcasse de rouille et d’os à rude épreuve, marquer leur territoire, impressionner l’adversaire. C’est un effort physique démesuré, une course effrénée où même les seins tentent de s’échapper. Faut voir ça ! C’est l’ultime répétition avant Roland. Malheur aux vaincus qui resteront sur la paillette.

L’épreuve, surhumaine, consiste à gravir quinze marches. Tous les coups sont permis. Le tapis rouge absorbe le sang tout en en masquant les traces aux âmes les plus sensibles. Quand Lambert-il-sonne le coup de clairon synonyme de départ, c’est une orgie de tissu qui s’agite dans les starting-blocks. C’est à qui s’ébranlera le moins mal. Très vite, Christopher, le maître, aux avant-postes, creuse un écart significatif de trois marches. Le troupeau des poursuivants, emmené par del Toro, crache tous les poumons qu’il peut pour tenter de revenir sur l’homme de tête. Les frères Couenne, trop gras pour suivre la cadence endiablée, lâchent prise. Bien que le parcours soit rectiligne, certains des gros tas-pi-rouges en plus, à force d’en baver, parviennent à se perdre, plus très lucides qu’ils sont, là par exemple y a Miranda qu’erre d’une barrière à l’autre. Richard, bouche bée-rit. Sean peine.

« Arnaud, dépêche-hein ! » gueule Clément en direction de la horde des retardataires. À mi-parcours, les organismes frisent le coma. Nathalie bâille. Dans le peloton, visiblement sûre de ses chances, Lupita-chatte avec Woody, hors d’haleine. Benjamin quant à lui se plaint d’ampoules à ses mille-pieds ; du coup, Natalie le porte, son homme, Natalie Portman. C’est le contraire chez les Palmade, c’est Pierre qui porte Rossy. Au stand de ravitaillement, hystérique, il se nourrit Léonard, d'eau, de câpres, rit haut.

Mais que c'est-doux de toucher au but ! Contre toute attente, Julianne franchit la ligne d’arrivée la première, à l’article de la Moore. Sharon, stone, est contrôlée positive à la coke. Pierre aussi, mais Pierre niait.

On dit que ce qui motive ces mille-vaches à entreprendre une transhumance si douloureuse pour leurs gros sabots, c’est ce plateau télé tout en haut où elles pourront bien nous les brouter. C'est sûr qu’une fois en haut la vie est belle ! Antoine déconne, citant tour à tour Saint Augustin et Saint Stéphane dont la philosophie du Carpet Diem est désormais sur le tapis pour les siècles des siècles. Pour information, le mythe de la caverne, c’est de lui aussi… le mythe De Groodt !

2 commentaires:

  1. Bravo Clément.
    Il y a du Léon Zitrone dans ce récit palpitant, avec un mélange subtile à un retour évident aux racines de la campagne, celle de la transhumance des vaches !

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    1. Cher Anonyme plus si anonyme que ça !
      Merci !! Ton commentaire me va droit au cœur, bien content que tu aies apprécié toutes ces vacheries !

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