vendredi 8 mai 2015

Surfer la mer, frôler la mort

C'était au retour d'un week-end à l'océan, là où l'eau c'est encore plus grand que la mer. L'Atlantique, pas pacifique pour un sou marin, avait fait pas mal de vagues, entre frasques et bourrasques gorgées d'embruns et d'iode, plus salé que Rabat. Ça tombait bien puisque je m'y étais rendu pour faire du surf, sorte de planche à roulettes sans roulettes mais sur rouleau. De la planche à rouleau, quoi. C'est quelque chose de très christique, finalement, que de marcher sur l'eau et de multiplier les rencontres avec les poissons en prenant des pains, ressuscitant des morts en sortant la tête des abysses désordonnées pour transformer l'eau en vain combat. 
Ça a de la force une vague, croyez moi, ça cogne plus fort que les manies de Pacquiao. 
En réalité, l'océan, c'est ni plus ni moins que la planète Terre qui te gifle et te ramène à ta condition de petit pion faible et infime dans l'immensité de la grosse boule qui flotte dans l'infini noir et étoilé.   
Qu'à cela ne tienne, je ne vous conterai pas mes vagues exploits surfiques, car vous n'oseriez les croire. Ce qui nous importe ici, c'est le retour. Sur l'autoroute rapide et tueuse, sur la terrible highway to hell où l'homme a AC/décédé. Là où j'ai littéralement frôlé la mort.

La pluie, les projections, la monotonie d'un trajet plus droit qu'un i au garde-à-vous. La voie de gauche, la grande vitesse, le cerveau en semi-coma, juste assez éveillé pour survivre. 107.7, autoroute info, la voix imbuvable de France Gall. Suivre le cortège de phares rouges, clignoter, doubler, se rabattre, continuer pendant six heures et répéter la manœuvre jusqu'à bon port. Le bruit des pneus qui embrassent le macadam, la ligne droite toujours, les lignes blanches qui dansent, la voie de gauche encore. Et ces phares étonnamment jaunes au loin. Des phares jaunes ? En face ? Mais ne sont-ce pas des phares rouges que l'on voit depuis le début ? C'est marrant comme ils grossissent vite ces deux grands yeux jaunes. Ils viennent sur nous, on dirait, non ? Allez, il est temps de gueuler. 

"CONTRESENS !"

Le pilote de mon carrosse m'écoute sans réfléchir et balance un immense coup de volant vers la droite. Grande vitesse face à grande vitesse, deux-cent mètres durent moins d'une seconde. Nous frôlons in extremis la voiture et la mort à 130km/h qui à contre-courant ne demandait qu'à nous exploser frontalement dans le capot. Pauvre fou distrait, tu voulais ta mort ou la nôtre ? Arrête-toi vite ducon, avant de tuer.* Je n'ai pas passé un week-end en Vendée pour finir en miettes sous ton inconscience. 

J'étais juste venu surfer.

Spot de surf de BudBud, à Longeville-sur-Mer 

*Après épluchage des faits divers aux alentours des Sables d'Olonne, il semblerait que le décérébré n'ait pas fait de victimes.

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