samedi 11 avril 2015

Poésie du chiotte

Quand t’as bu un verre de trop, rien de tel que les chiottes pour des cuvettes. Je ne sais pas toi mais moi quand je vais aux chiottes, c’est pas pour faire rire les mouettes et les wapitis, c’est pour évacuer. Satisfaire une envie carabinet. Payer en liquide.
Je présente mon laisser-pisser et j’entre, ça sent pas très bon d’ailleurs, c’est pas le but d’un chiotte de sentir bon. Tout pimpant, toiletté à la turque, je me réjouis à l’idée de pouvoir enfin pisser ailleurs que dans un violon. C’est pas grand un violon. J’entre donc, à gauche il y a les traditionnels chiottes assis, de quoi poser son auguste fessard sur des lunettes raie vanne à part. A droite il y a les traditionnels urinoirs qui ne me font en général rire ni noir, ni jaune, ni rien du tout. Faut faire avec, c’est tout. Et comme le disent les triplés de Lionel Vessie, « pisser debout ça les rassure, les z’hommes ».
Je me dirige avec aisance vers le plus beau des pissoirs (aucune envie d’aller à la selle) ; avec le concours de la meilleure braguette de Paris je tire du slop ce qu’il faut et je laisse pisser. Je pisse au tiers payant, en attendant la réforme. « Qui pisse loin ménage ses chaussures », je prends du recul en repensant la larme à l’œil, à ce fameux proverbe vieux comme Vespasien, tandis qu’inconsolable le colosse pleure, pleure (une vraie madeleine), pleure tant, que je ne le sens plus pisser. Si j’étais assis, ce serait le Saint-Siège, Pie, Pie, quel bonheur ! Je pisse-tout-gai ! Quand soudain mes yeux, jamais bien rangés, tombent sur cet écriteau de fortune, au sommet du pissoir :


Comment se retenir ! De louer l’audace ! De la poésie aux chiottes ! Pisse… And love !

Voilà, désolé d’avoir fait tout un papier là-dessus. Faut croire que j’en avais besoin.

2 commentaires:

  1. Cela me rappel un petit mot poétique vu dans les toilettes d'un refuge d'altitude :
    Chiez dur,
    Chiez mou,
    Mais chiez dans le trou

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    1. Cher Anonyme, c'est magnifique ce que vous venez de dire !

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